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eISBN 978-2-8459-2509-0

Copyright © Presses du Châtelet, 2007.

Avertissement

Les contes sont des récits qui peuvent être lus de différentes façons.

Ces histoires merveilleuses, que l'on raconte aux enfants pour les faire rêver, sont aussi le véhicule de messages plus profonds qui demandent à être décodés.

De nombreux auteurs se sont penchés sur le sens symbolique des contes. Selon la grille de lecture que l'on adopte, on tirera du conte tel enseignement ou tel autre. C'est que les contes servent aussi bien à rêver qu'à penser. Ils nous parlent de nous. Ils abordent des problématiques humaines universelles et intemporelles. Ils traduisent de manière extrêmement fine et riche la complexité de nos questionnements, et y répondent avec précision.

Dans ce livre, nous avons choisi d'aborder le conte comme outil pratique d'évolution personnelle, et plus particulièrement comme aide à la prise de décision.

Pour que nos rêves deviennent réalité.

Dans la plupart des contes, on retrouve trois instances symboliques : le Roi, le Héros et la Fée. En comprenant ce qu'elles représentent et comment elles s'articulent, en nous comme dans les contes, nous disposons d'un moyen de faciliter et d'enrichir notre vie.

C'est dans cette optique que nous allons interpréter les contes. Il existe d'autres approches qui ne seront pas traitées dans ce livre, par souci de clarté.

Introduction

« Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que
des princesses qui attendent de nous voir beaux
et courageux. »

Rainer Maria Rilke

Le désir que ressent l'être humain de donner un sens à sa vie et au monde qui l'entoure est probablement né avec l'humanité elle-même.

Les chercheurs qui se sont penchés sur nos origines et les coutumes des premiers hommes (anthropologues, paléontologues...) ont mis au jour l'existence de rites autour de la mort.

Le rite est une tentative de symbolisation des craintes ou des pressentiments, qui implique de mettre en images les scènes de la vie en les magnifiant, comme cela se retrouve déjà dans les peintures rupestres.

On peut imaginer, sans grand risque de se tromper, que les hommes des cavernes (Neandertal ou Cro-Magnon) se réunissaient autour du foyer – lieu de sécurité et de confort relatifs – pour raconter et revivre leurs exploits de chasse. Ces prouesses étaient ainsi partagées avec ceux qui étaient trop jeunes ou trop faibles pour avoir la fonction de chasseur. Cela répondait à une nécessité pédagogique d'apprentissage par l'exemple vécu et rapporté, tout en créant du lien, un sentiment d'appartenance au groupe. Ce n'était possible qu'en transformant des scènes de la vie en mots, et donc en récits.

Le récit répond aussi au besoin de mettre à distance la réalité pour en faire ressortir un sens, un enseignement dont on pourra se souvenir avec profit lorsque les circonstances l'exigeront.

On peut ainsi imaginer que les notions de Chef (Roi) – celui qui décide, qui guide et galvanise les autres –, de Guerrier (Héros) – qui utilise son courage et sa force pour remporter les épreuves – et d'Irrationnel (Fée) – l'intervention de la magie, le coup de pouce du destin, la chance – se sont ainsi formées très tôt pour donner structure et cohérence au récit.

Si, à notre époque, les contes sont surtout racontés aux enfants pour les aider à passer de l'éveil au sommeil, il n'en a pas toujours été ainsi.

Le conte est une des plus anciennes formes d'expression et de culture populaire de transmission orale.

Aux époques où la lecture était l'apanage d'une minorité, ces récits d'aventures imaginaires, souvent courts, ont été le mode d'expression privilégié des mythes humains universels. Autrefois, les contes étaient racontés le soir à la veillée, à la lueur des bougies. À ce moment privilégié où l'activité baisse d'intensité, où les sens se préparent au repos et où certaines parties de la conscience s'éveillent. Les contes prennent alors toute leur raison d'être, et leur irruption sur le devant de la scène remplit une fonction équilibrante.

Les contes nous parlent de nous, de nos questionnements les plus profonds, mais aussi de notre quotidien.

Les religions et les philosophies traitent elles aussi de l'essence et de la destinée de l'homme. Mais ce qui caractérise les contes, c'est l'appel à l'imaginaire et au merveilleux.

Quand la philosophie fait appel à la raison et la religion, au désir d'élévation et de transcendance, le conte est un outil de compréhension de soi et de résolution des problèmes éminemment pratique et concret, bien qu'essentiellement fondé sur nos capacités imaginatives et intuitives.

À l'aide des contes, il est possible de trouver des réponses à certaines questions de la vie de tous les jours. Nous avons là un outil d'aide à la prise de décision et à la réalisation de projets.

« Il était une fois... » suggère le passage à une autre dimension, hors du réel visible, et c'est dans cette dimension de l'imaginaire que le réel va retrouver du sens. Chacun sait que, pour élargir sa compréhension d'une question donnée, il est souvent indispensable de « lâcher prise », c'est-à-dire de mettre de côté, pendant un temps, la logique, la raison et les apparences. On ouvre alors la porte à d'autres approches complémentaires : l'intuition et l'imagination, que l'on appelle parfois le « sixième sens ».

N'oublions pas que tous les créateurs, artistes et scientifiques utilisent à leur manière ce mélange de logique et d'intuition.

Dans ce livre, nous proposons au lecteur une méthode de résolution, par la compréhension du langage des contes, des questionnements et des conflits que chacun peut rencontrer dans sa vie.

Ce langage est accessible à tous, à condition d'apprendre à le décoder.

Quelle partie de nous se cache derrière le Roi, le Héros et la Fée ? Au-delà du merveilleux apparaît la possibilité de comprendre nos blocages, pour les dépasser et réaliser ainsi nos envies, nos objectifs.

Il est parfois plus facile de parler de soi et de ses difficultés en s'identifiant aux personnages de contes. Ceux-ci représentent différentes facettes de la personnalité humaine. Le thérapeute, par cette approche, permet au patient de prendre de la distance par rapport à une situation difficile ou angoissante. En le guidant dans le monde imaginaire du conte, il lui propose un cheminement vers une résolution du problème.

C'est une approche qui a fait la preuve de son efficacité, comme l'illustreront les différents cas que vous rencontrerez au cours de votre lecture.

PREMIÈRE PARTIE

CONTES ET RÉCITS SYMBOLIQUES

LES FORMES DE RÉCITS SYMBOLIQUES

Des recherches archéologiques ont mis au jour des éléments prouvant que les contes de fées dateraient de vingt-cinq mille ans. Sans remonter aussi loin dans le temps, on peut citer avec certitude l'exemple du Conte des deux frères, que l'on connaît en Europe et qui a été découvert sur des stèles et des papyrus égyptiens vieux de trois mille ans, ce qui constituerait, à ce jour, la plus ancienne tradition écrite sur les contes.

Jusqu'au XVIIe siècle, les récits merveilleux ont charmé les petits et les grands en adoptant différentes formes : récits mythologiques en Grèce ou à Rome, histoires populaires de France et de Navarre, contes des Mille et Une Nuits en Orient ou contes du « temps passé ». Ceux de Boccace, d'Andersen, de Perrault ou de Grimm sont les plus connus.

En réalité, il semblerait qu'à l'origine les contes aient été conçus comme des histoires pour adultes qui, par des images simples et concrètes, permettaient d'accéder à une conscience supérieure. Une forme d'initiation des hommes sur le chemin de leur évolution.

Avec le développement du courant rationaliste du XVIIe siècle, l'intérêt pour les contes s'émoussa. Ils furent alors réservés aux enfants et à leur nourrice, leur simplicité apparente primant sur le symbolisme qu'ils renfermaient.

Les animaux qui parlent, les citro...