Le village englouti

Balayé par l'implacable processus de modernisation qui touche depuis quelques années beaucoup de bourgades chinoises, Renhou, petit village voisin de la grande cité de Xijing, (un clone de Xian, la ville natale de l'auteur) tente de résister et de sauvegarder son caractère idyllique et campagnard. Mais les capitaux manquent et les promoteurs immobiliers convoitent les terrains. Certains habitants succomberaient volontiers aux sirènes. Paysans et traditions contre bulldozers et corruption, la lutte, inégale, est l'occasion pour Jia Pingwa de dénoncer avec humour et truculence la politique qui, au nom du progrès, s'acharne à transformer de charmants petits hameaux en banlieues tristes et sans âme. Et aussi d'exposer, comme dans La Capitale déchue, les pratiques des "dirigeants", génératrices d'une malhonnêteté ordinaire dans toutes les couches de la société. Né en 1952, Jia Pingwa a été contraint par la Révolution culturelle d'interrompre ses études pour se faire paysan pendant cinq ans. Entré en 1972 à l'université de Xian où il vit désormais, il s'est rapidement imposé comme l'instigateur des grands courants littéraires chinois. Son roman La Capitale déchue (Prix Femina étranger 1997), a été interdit en Chine où il continue de se vendre sous le manteau.