1064, Barbastro. Guerre sainte et djihâd en Espagne
EAN13
9782072764455
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
NRF Essais
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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1064, Barbastro. Guerre sainte et djihâd en Espagne

Gallimard

NRF Essais

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Barbastro est à l’Espagne médiévale ce qu’est la bataille de Poitiers à
l’histoire de France : un fait d’armes – une défaite non décisive de troupes
musulmanes – qui, au fil des siècles, fut sublimé par un récit national en une
date majeure des Croisades et de la Reconquête. Au printemps 1064, une armée
de guerriers franchit les Pyrénées, animés, a-t-on dit, par le désir d’en
découdre avec l’Autre, à savoir le musulman. Celui-ci a mérité d’être puni
puisque, non seulement hérétique, il vient d’occire le souverain aragonais
avec lequel plusieurs lignages nobiliaires d’outre-monts ont tissé des liens
d’amitié. Les cavaliers fondent sur une petite cité musulmane de la vallée de
l’Ebre appelée Barbastro, qu’ils enlèvent avant de la perdre à nouveau l’année
suivante. Il ne s’agit plus d’entreprises individuelles et d’une portée
limitée, mais d’une expédition de plusieurs milliers d’hommes venus du nord et
rejoints par des guerriers normands d’Italie et des contingents catalans. Ces
troupes se seraient mobilisées à l’appel du pape : pour nombre d’historiens
c'est ici, au pied des Pyrénées, que serait née la "Croisade". Sans doute
quelques puissants, sous l’influence d’abbés ou d'évêques, se sentent-ils
porteurs d’une mission chrétienne, mais quelques décennies plus tôt encore,
des comtes s’étaient entendus avec des Arabes pour attaquer Compostelle, le
haut-lieu de la chrétienté hispanique ; quant aux habitants qui peuplent les
campagnes ou les bourgades naissantes, ils n’ont qu’une maigre idée de l’Islam
et des musulmans. C’est tout autant l’envie de combattre, de vaincre et de
conquérir et le désir de s’emparer d’un butin qui animent les combattants. À
la manière de Georges Duby dans Le Dimanche de Bouvines, les auteurs déploient
toute la richesse de l’histoire événementielle, tant cette bataille sert de
révélateur des structures, des cultures et des sensibilités. Bien que peu
éclairé par les sources, qu’elles soient arabes ou latines, l’épisode de
Barbastro fut gravé dans les mentalités pour devenir, à la manière de
Bouvines, "un lieu de mémoire".
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