Conseils de lecture

21,50
Conseillé par (Libraire)
17 septembre 2016

Mai 1962, Choctaw, Alabama

Le dernier Thomas H. Cook confirme ce que l’on savait déjà. L’auteur maîtrise l’écriture du flashback à la perfection ! Qu’est-ce qui fait qu’on en sort encore ébloui ? L’écriture, toujours l’écriture.

L’intrigue se déroule dans la petite communauté blanche et conservatrice de Choctaw, en Alabama. Tout remonte à l’été 1962 et nous ramène au corps sans vie de la jeune Kelli, retrouvée sur les hauteurs du Mont Crève-Cœur, seule, dans les profondeurs de ces bois, au prise avec une histoire qui semble s'être répété...

30 ans après, l’énigme est entière et entoure encore de son voile noir l’agression de cette jeune beauté venue de Baltimore. Hanté par la voix et le visage de celle dont il était tombé éperdument amoureux, Ben, devenu médecin de campagne, raconte l'histoire la plus tragique de son existence. Celle que toute sa vie, il s’est évertué à garder au plus profond de son âme…

Ce qu’il y a de surprenant avec les lyriques, c’est qu’on ne se doute jamais des formes que prendront leur imagination et leurs inspirations. Peu d’auteurs sont de cette trempe là. Mais reconnaissons le, Cook écrit des romans noirs comme on écrirait une poésie troublante, mélancolique et obsédante.

Le vieux démon de la ségrégation plane sur ce lieu chargé de souvenirs et de mystères. Il progresse à pas feutrés, lentement, insidieusement, révélant peu à peu un récit tourmenté au charme ensorcelant et une chute à la hauteur d'une tragédie shakespearienne transposée dans le sud profond de l'Amérique.

Reste une oeuvre noire marquante, impérissable.

Allan


7,50
Conseillé par (Libraire)
17 septembre 2016

Pas déçu du voyage !

La fin d'une époque, les conditions du vrai. C'est dans cette collection des éditions Allia que vient de paraître en librairie "Descente à Valdez".

Il s'agit là d'une espèce de reportage redneck qu'Harry Crews publie pour le compte du magazine playboy en février 1975, peu avant la construction du très controversé oléoduc trans-Alaska.

Il y posera ses valises moins de deux semaines durant, ce qu'il lui faudra de temps pour dépeindre avec une douce ironie, mâtinée d'indignation bilieuse, une part de cette contrée dure et froide située à l’extrême opposé des 48 d'en bas - entendez tous les autres états d'Amérique.

Une belle petite fresque sociale si vous voulez mon avis, bien rocambolesque ! Ça commence mal dès le départ. Crews se heurte à l'antipathie affichée des autochtones, aux conflits d'intérêts entre les caribous et les constructeurs de l'oléoduc et à la danse two step. Comme bien souvent, la bière se charge du reste et passés les premiers coups de froid, les langues se délient. C'est la foire aux personnages grotesques. On n'est pas à l’abri d'une mauvaise surprise ni d'une vilaine gueule de bois.

Tout le monde a l'impression de se faire enfler dans l'histoire. Et l'histoire le confirmera en 1989, quand le pétrolier Exxon Valdez viendra mourir sur les cotes de l'Alaska, déversant ses 40 000 tonnes de pétrole brut. Terminus, tout le monde descend !

Allan


16,00
Conseillé par (Libraire)
17 septembre 2016

Une parenthèse nécessaire

Maures est une parenthèse nécessaire.

A la manière de ses deux précédents textes « Une dernière fois la nuit » et « L’autre pays », tous deux parus dans la précieuse collection La foret des éditions Stock, Sébastien Berlendis nous propose en toute légèreté de l’accompagner dans la foule d’images qui l’anime.

Avec Maures, tout juste paru, il nous met dans la confidence et nous offre une part intime de lui-même à l’époque où l’on perd, sans le savoir, ce que l’on va chercher le restant de sa vie. Cette insouciance. ..

Autant de fragments d’étés passés depuis toujours au bord de l’eau dans le massif des Maures. Autant de souvenirs fondateurs, l’évidence des couchers de soleil et du sable qui s’accroche à la peau, la peau des filles, leurs cheveux et les heures qui passent dans le vent chaud, sans que l’on s’en aperçoive, discrètes comme les vagues. Nous voilà alors les témoins de cette fabrique du temps nécessaire à la compréhension de qui nous sommes. Un espace fragile sous la menace perpétuelle de la fatalité qui rôde, comme rôdent autour de ce lieu enchanteur, les incendies et les inondations.

Au fil de ce parcours dans les méandres de la mémoire, le camping, lieu de toutes les caricatures, devient peu à peu un support poétique ! « La parenthèse enchantée » d’une famille, d’un grand-père et d’un petit fils soudés par le sel, la résine et la complicité. Un grand-père aujourd’hui disparu.

Les temps se mélangent. Présent et passé ne font plus qu’un et l’on se surprend en train de feuilleter un album de famille en se demandant pourquoi nous sommes en train de le faire. Va savoir.

Maures a la puissance de ces textes évocateurs, ceux qui nous parlent sans rien dire, tout en sincérité, poésie et romantisme.


Fleuve Editions

Conseillé par (Libraire)
31 août 2016

Expérience littéraire incroyable

Indéfinissable pour notre plus grand bonheur, M pour Mabel raconte le voyage dans le monde de la fauconnerie et - au-delà - de la sauvagerie animale, qu’Helen Macdonald va entreprendre à la mort de son père. Terrassée de douleur, elle qui depuis toute petite se passionne pour les rapaces et la littérature qui va avec, décide alors d’acheter un vautour, une merveille de volatile réputé pour la brutalité de ses attaques. Manière aussi de rester en lien avec ce père trop subitement disparu, car la légende veut que ces oiseaux là établissent un pont entre le monde des vivants et celui des morts.

Le livre raconte cet apprentissage, et le retour à la vie après l’épreuve du deuil. Mais il est bien plus riche encore. Il est un éloge de la patience, un hommage à l’écrivain T.H. White, auteur oublié de L'épée ans la pierre (1938) dont Walt Disney tirera Merlin l'enchanteur et lui aussi amoureux fou des rapaces. Réflexion sur l’imaginaire médiéval dans l’Angleterre d'aujourd’hui, sur la violence des hommes et celle des animaux, ce grand livre est pourtant un livre qui observe, comprend et apaise.

Je n’avais jamais rien lu quoique ce soit de semblable ! Moi qui n'aime ni les livres de deuil, ni les rapaces, j'ai DÉ-VO-RÉ M pour Mabel !