Où j'ai laissé mon âme

Jérôme Ferrari

Thélème

  • Conseillé par
    9 mars 2013

    J'avais lu Le sermon sur la chute de Rome et n'avais pas été emballée. Mais voyant que certaines d'entre vous considéraient que ce titre était meilleur, j'ai donc laissé une seconde chance à cet auteur.

    En 1957, le capitaine Degorce retrouve l'un de ses frères d'armes, le lieutenant Andreani, deux hommes qui se situent du même côté de la barrière mais qui réagissent très différemment à leur nouveau rôle de tortionnaire lors de la guerre d'Algérie. Andreani, membre de l'OAS, suit les ordres sans états d'âme. Degorce, lui, est rongé par la culpabilité. Du temps passé ensemble à Diên Biên Phu, Andreani garde une affection solide pour ce capitaine à qui il ne cesse de dire "Je m'en souviens très bien mon capitaine", et ce leitmotiv qui rythme le roman est une ode à ce temps béni où Degorce était lui aussi un tortionnaire sans états d'âme apparents. Ce qui les divise, c'est leur réction face à la capture, puis à la mort deTarik Hadj Nacer, que Degorce considère comme un héros résistant à qui il va rendre les honneurs alors que pour Andreani, il n'est qu'un terroriste qui a fait verser le sang. Quarante après ces trois jours de mars 1957 où s'est joué la vie de Tarik, le lieutenant adresse un long monologue à son lieutenant, cet homme solitaire qui n'arrivait plus à se sentir attaché à sa famille qu'il voyait si peu.

    Le texte se prête très bien à la version audio puisque c'est un long monologue. Très vite, on ressent l'ambiance pesante, accentuée par le ton adopté par Pierre-François Garel qui lit magnifiquement ce texte (j'ose dire qu'il mériterait une récompense). Ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains, ni à lire en période de blues mais c'est un texte très fort. Mon seul bémol est que, comme chez Gaudé, j'ai trouvé qu'on finissait par tourner un peu en rond et que mon intérête s'est un peu émoussé au fil des heures. Il n'en reste pas moins que c'est un très grand livre.