Bonheur fantôme

Anne Percin

Le Rouergue

  • Conseillé par
    26 février 2012

    amour, homosexualité

    Une très belle histoire d'amour entre deux hommes. L'un, Pierre, brisé par la vie (et surtout la mort de son frère) et l'autre, qui l'héberge, le lance dans la mode et le reconstruit. Mais l'arrivée d'une intruse casse ce bel équilibre.

    Tout est dévoilé en filigrane, petit à petit. Bon, parfois ça traîne un peu. L'auteur prend son temps, comme son personnage.

    Comme les tableaux de Rosa Bonheur, qui donnent à voir la nature et la campagne telle qu'elle est. Sans oublier que Rosa était un personnage extravagant, à son époque.

    On sent un jeune adulte encore mal dans sa peau, dans sa vie ; et qui trouve son bonheur à la campagne, au milieu de son bric-à-brac de vieilleries. En accumulant puis revendant, il se reconstruit.

    Un beau récit tout en nuances et qui se termine sur une note d'espoir.

    L'image que je retiendrai :

    Celle des tableaux de Rosa Bonheur.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/02/20/23385406.html


  • Conseillé par
    11 janvier 2011

    Du bonheur à l'état pur

    Bonheur fantôme aurait tout aussi bien pu s’appeler « Amour Bancal ». Oui, je sais, c’est moins vendeur, mais peut-être plus parlant… Car Pierre, le héros de 28 printemps de cette histoire singulière, ressemble un peu aux objets qu’il vend dans sa brocante : ébréché, cassé, poli par la vie, usé par endroits mais hors de prix pour celui qui l’aime. Le roman d’Anne Percin nous joue, tout au long de ses 220 pages, une petite musique de piano à bretelles, une rengaine de coquelicot, un air dépassé mais pourtant toujours d’actualité. Et au fur et à mesure de la lecture, on a l’impression que l’auteur écrit comme vit son héros : avec des brins, elle tresse des couronnes de fleurs, avec trois poils, elle dessine un chat coquin, dans un regard, elle saisit le zig-zag du coup de foudre et avec des bribes qui n’ont l’air de rien, elle tisse une histoire qui tombe sur le lecteur comme un châle de douceur.

    Pierre, qu’on a déjà suivi dans Point de côté, n’en finit pas de chasser les fantômes. Chasser a ce double sens de rechercher et de vouloir faire fuir qui correspond bien à ce que ressent le personnage. Eric, ce frère jumeau, perdu très tôt, n’en finit pas de le hanter, lui, le vivant inconsolable et coupable. Et puis Pierre est un handicapé du cœur. Il a tellement besoin d’être aimé que, quand il s’agit d’aimer à son tour, il ne sait pas comment faire. Peut-être parce que personne ne lui a donné la recette? Alors, pour fuir ces démons et cet amour qui lui donne tellement envie de vivre qu’il n’a plus l’impression d’être lui-même, il s’installe dans la Sarthe. Une maison en bordure de route, avec une grange et un jardin. Personne à la ronde sinon des chats, des chiens et une voisine qui lui donne des cours de jardinage et de dépiautage de lapin. Là, Pierre croit mener une vie tranquille, faite de travail acharné, de relations peu exigeantes et d’une soumission volontaire aux aléas de la vie.

    Mais cet éloignement prend vite des airs de retraite spirituelle car Pierre n’en finit pas de ressasser son récent passé avec Raphaël dont il est persuadé qu’il est la seule personne qu’il aimera jamais. Il reprend un stylo, des cahiers, se remet à écrire et se raconte. Peu à peu, émerge entre les lignes la figure de l’absent. Emerge aussi cet amour bancal entre les deux hommes. L’un qui sait donner, l’autre qui a peur de recevoir. Mais le temps et l’éloignement font leur œuvre, et peut-être aussi, tous les sédiments philosophiques acquis par le narrateur pendant ses études. Avec le printemps, la lumière revient, pour les arbres, les fleurs, les chats. Et pour peu qu’ils ouvrent enfin volets et rideaux, elle revient également pour les humains…

    Un roman subtil et délicat, si riche qu’il est difficile d’en parler bien.


  • Conseillé par
    8 janvier 2011

    Un roman tout en douceur, en pudeur, en sensibilité qui vous emporte, vous murmure à l’oreille sa petite musique, vous livre le cœur de Pierre, son narrateur, en touchant le vôtre, indéniablement.

    « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve comme une petite souris dans son coin d’alcôve » : c’est ce qu’a fait Pierre à 28 ans. Il a quitté sa vie parisienne, son amour, son boulot et avant ça, ses études et sa thèse. Son alcôve à lui, c’est une campagne de la Sarthe. Il y a acquis une vieille maison, a ouvert un magasin de brocantes. Il se tapit là, tisse des liens avec le patron de la crêperie, avec la vieille Paulette de la ferme voisine, et il écrit sur Rosa Bonheur, une peintre animalière du XIXème. Et petit à petit, c’est lui-même que Pierre livre : la blessure jamais refermée suite au décès brutal de son frère jumeau il y a dix-huit ans, sa rencontre avec R., leur amour qu’il a fui par peur de l’abandon sans pouvoir se défaire du sentiment. Dans la solitude, Pierre tente de se reconstruire.

    Un roman en forme d’introspection qui dit le deuil, l’absence, la vie avec une part manquante mais aussi et surtout chaque page de Bonheur fantôme est habitée par l’amour inconditionnel qui lie Pierre à R. De ceux qui rongent et éblouissent.


  • Conseillé par
    31 décembre 2010

    Pierre, 28 ans a quitté Paris du jour au lendemain pour s’installer à la campagne. Il vit dans la Sarthe dans un petit village. Un peu de brocante, sa voisine Paulette qui le dépanne, le café de temps en temps… Il a lâché ses études de philo, un boulot qui payait bien et rédige désormais la biographie d’une peintre peu connue.

    Je fais volontairement une présentation sommaire de ce livre car on en apprend petit à petit en tournant chaque page sur Pierre. Il écrit sans flonflon mais avec beaucoup de sensibilité, de poésie, d’humour et d’ironie. Oui, tout ça ! Voilà sûrement la raison qui fait que j’ai dévoré ce livre ! Pourquoi a-t'il tout quitté ? Coup de tête, prise de conscience basée sur des principes écolos ? Non, d’ailleurs la vie à la campagne, il la découvre. Se contentant de peu, il s’en accommode. Il le couche sur le papier, nous le raconte au gré des jours qui passent, des phrases de sa voisine et des visites de R.. Mais le passé s'invite de temps en temps et les plaies non cicatrisées font mal, très mal. Il est question d’amour aussi, d’un amour fort et beau pour R. Et tout est si bien écrit que je n’ai rien à ajouter.

    Ce livre est en véritable enchantement ! Je l’ai lu en ayant l’impression d’être aux côtés de Pierre. Le style d’Anne Percin est unique, comme des touches de couleurs différentes qui font un très beau tableau.