- EAN13
- 9782367345345
- Éditeur
- Au vent des îles
- Date de publication
- 05/01/2024
- Collection
- SCIENCES HUMAINES
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Hécatombe océanienne
Histoire de la dépopulation du Pacifique et ses conséquences (XVIe-XXe siècle)
Christophe SAND
Au vent des îles
Sciences Humaines
Autre version disponible
La curiosité pour la période de la « découverte » du Pacifique et de
l’implantation occidentale n’a jamais faibli. Pour preuve, les principaux
récits des explorations à travers l’Océanie entre la deuxième moitié du XVIIIe
siècle et le début du XIXe siècle continuent à être régulièrement republiés,
tout comme de nombreux travaux scientifiques analysent en détail les apports
de ces textes à une meilleure connaissance de la région. Pourtant, peu
d’historiens se sont penchés sur les informations que contiennent les écrits
anciens pour réévaluer les conséquences de l’entrée (imposée) des peuples du
Pacifique dans la mondialisation. Ceci est tout particulièrement vrai au sujet
de la taille numérique des groupes insulaires, dont l’importance lors des
premiers contacts reste débattue, rendant souvent aléatoires les évaluations
sur l’amplitude des chutes démographiques observées dans l’immense majorité de
la région au cours du XIXe siècle. Afin de traiter ce sujet, le présent
ouvrage propose — pour la majorité des îles ou des archipels du Pacifique — de
mettre en miroir toute une série de témoignages extraits des textes de
premiers contacts avec des données de traditions orales, des écrits
missionnaires et coloniaux, des récits d’aventuriers ainsi que des synthèses
scientifiques publiées par des démographes historiques et des archéologues.
Les chapitres centraux présentent ainsi au lecteur une image composite de la
question de la dépopulation océanienne à partir du début de l’exploration
européenne — qui remonte pour certaines îles à près de 500 ans. L’objectif est
de montrer la réalité de l’effondrement démographique océanien pris dans son
approche globale, d’en mesurer l’importance statistique et d’identifier les
principales conséquences de la perte de la majeure partie de la population
pour les sociétés traditionnelles du Pacifique. L’ouvrage s’organise en huit
grands chapitres. Afin de fixer le cadre chronologique, le premier chapitre
est dédié à la longue phase d’exploration de l’Océanie par les navires
espagnols, portugais, anglais, hollandais, français, allemands et russes,
ainsi qu’aux conditions sanitaires sur les bateaux. Dans un deuxième chapitre
est synthétisée l’histoire des épidémies à travers le monde, puis détaillée la
longue liste des maladies introduites au fur et à mesure des contacts
européens. Ensuite, au fil de cinq chapitres sont présentées les évaluations
de population qu’il est possible de reconstituer pour différentes îles et
différents archipels du Pacifique lors du premier contact avec les Occidentaux
— récits des premiers navigateurs mais également dans certains cas résultats
de travaux archéologiques à l’appui. L’auteur montre les chutes démographiques
parfois vertigineuses qui ont en particulier caractérisé le XIXe siècle, se
poursuivant dans l’ouest du Pacifique jusqu’à la première moitié du XXe
siècle. Un chapitre final propose une synthèse des données dans une approche
régionale, permettant de discuter l’impact de cet effondrement sur les
organisations sociales, symboliques et politiques des populations insulaires,
obligeant à une contextualisation historique salutaire des caractéristiques
des sociétés océaniennes « traditionnelles » telles que définies par les
travaux anthropologiques depuis plus d’un siècle. Christophe Sand est
archéologue, spécialiste de la région Pacifique. Fort de l’immense
documentation qu’il a accumulée et analysée et des résultats de ses propres
travaux sur le terrain depuis plus de trente ans, il bouscule avec ce livre le
statu quo académique qui continue à se perpétuer. Il prend le risque de
remettre en cause les hypothèses démographiques conventionnelles et qui ne
permettent pas aux populations du Pacifique de comprendre pourquoi une partie
de leur fonctionnement traditionnel est instable, pourquoi les conflits de
terres sont si nombreux, pourquoi tout un pan des traditions orales semble
incomplet. L’analyse des conséquences du processus de dépopulation massif vécu
par plusieurs générations d’Océaniens permet d’apporter une série de réponses
à ces « pourquoi ». « Dans le Pacifique, la violence systémique et le racisme
civilisationnel occidental se sont nourris de l’ignorance des pouvoirs
coloniaux sur les spécificités, la diversité et la complexité qui
caractérisent les sociétés océaniennes. Comme tente de le démontrer cet
ouvrage, un des aspects systématiquement minimisé ou réfuté par le monde
académique a été l'ampleur de l’effondrement démographique et ses conséquences
sur le fonctionnement des groupes insulaires. » Christophe Sand est
archéologue, calédonien, engagé depuis quarante ans dans l’étude de la longue
histoire du Pacifique et ayant dirigé des travaux de recherche en Mélanésie,
en Polynésie et en Micronésie. Docteur en archéologie du Pacifique (Université
Paris-Sorbonne -1994) et titulaire d’une Habilitation à diriger les recherches
(HDR - Ecole pratique des hautes études en sciences sociales de Paris, 2007)
donnant le rang de professeur d'université, il a été responsable durant près
de trente ans de l’archéologie calédonienne. Fondateur du Département
Archéologie de la Nouvelle-Calédonie (DANC) puis de l'Institut d'archéologie
de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique (IANCP) à Nouméa, qu'il a dirigé
pendant une décennie, il est aujourd’hui détaché à l’Institut de recherche
pour le développement (IRD) de Nouméa pour le compte du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie. Membre de plusieurs associations d'archéologie, il est
président de l'organisation régionale du patrimoine ICOMOS Pasifika. Il
réalise également des missions d’expertise dans le cadre de ses activités pour
le patrimoine mondial de l’UNESCO et est régulièrement sollicité comme
conseiller scientifique lors de la préparation de dossiers de classement de
sites. Enfin, il a été récipiendaire d’une médaille de bronze du CNRS (2003)
et a reçu la distinction de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres
(2007). Au début de sa carrière, son premier terrain d'expertise a été la
Polynésie occidentale, avec un intérêt central porté au passé des petites îles
de Wallis et de Futuna, où il a en particulier fouillé des sites céramiques et
des ensembles monumentaux, tout en s’intéressant à mettre en évidence les
anciennes sphères d'interactions régionales. A la suite de la création de la
structure locale d’archéologie calédonienne avec deux collègues kanak au début
des années 1990, il a mené plus de 120 projets de recherche distincts sur cet
archipel. Les principaux domaines d'intérêt scientifique et d'étude qu’il a
développés s'articulent autour des questions du premier peuplement Lapita il y
3000 ans, des dynamiques culturelles préhistoriques, de l’émergence des
sociétés traditionnelles kanak et des conséquences de l’implantation
européenne dans le Pacifique. Son travail de synthèse sur les connaissances
archéologiques du passé précolonial de l’archipel, mené dans le cadre de sa
thèse, lui a permis de définir des thématiques de recherches à développer pour
une meilleure connaissance de l’évolution des sociétés océaniennes anciennes.
Il a ainsi conduit pendant plus d'une décennie un travail de redéfinition des
caractéristiques et de la dynamique interne de la première période de
peuplement de la Mélanésie insulaire, caractérisée par la tradition céramique
Lapita, avec un accent particulier sur la Nouvelle-Calédonie. L'analyse des
données de ses fouilles ainsi que la ré-étude de collections archéologiques
collectées sur la période Lapita, ont abouti à la publication d’articles et
d'un ouvrage de synthèse sur ce sujet. Avec son équipe, il a également mené de
nombreuses prospections et fouilles sur des sites post-Lapita à travers
l'archipel calédonien, dans le cadre d'un projet visant à comprendre sur le
temps long les adaptations, les transformations, les évolutions et les
processus d'intensification vécues par les populations de l’archipel sur près
de 3000 ans. L’ensemble de ces travaux a conduit, entre autres, à la refonte
progressive de la chronologie céramique, à l'étude des impacts humains sur
l'environnement et à l'analyse des diverses pratiques mortuaires qui se sont
développées au cours des millénaires. L'un de...
l’implantation occidentale n’a jamais faibli. Pour preuve, les principaux
récits des explorations à travers l’Océanie entre la deuxième moitié du XVIIIe
siècle et le début du XIXe siècle continuent à être régulièrement republiés,
tout comme de nombreux travaux scientifiques analysent en détail les apports
de ces textes à une meilleure connaissance de la région. Pourtant, peu
d’historiens se sont penchés sur les informations que contiennent les écrits
anciens pour réévaluer les conséquences de l’entrée (imposée) des peuples du
Pacifique dans la mondialisation. Ceci est tout particulièrement vrai au sujet
de la taille numérique des groupes insulaires, dont l’importance lors des
premiers contacts reste débattue, rendant souvent aléatoires les évaluations
sur l’amplitude des chutes démographiques observées dans l’immense majorité de
la région au cours du XIXe siècle. Afin de traiter ce sujet, le présent
ouvrage propose — pour la majorité des îles ou des archipels du Pacifique — de
mettre en miroir toute une série de témoignages extraits des textes de
premiers contacts avec des données de traditions orales, des écrits
missionnaires et coloniaux, des récits d’aventuriers ainsi que des synthèses
scientifiques publiées par des démographes historiques et des archéologues.
Les chapitres centraux présentent ainsi au lecteur une image composite de la
question de la dépopulation océanienne à partir du début de l’exploration
européenne — qui remonte pour certaines îles à près de 500 ans. L’objectif est
de montrer la réalité de l’effondrement démographique océanien pris dans son
approche globale, d’en mesurer l’importance statistique et d’identifier les
principales conséquences de la perte de la majeure partie de la population
pour les sociétés traditionnelles du Pacifique. L’ouvrage s’organise en huit
grands chapitres. Afin de fixer le cadre chronologique, le premier chapitre
est dédié à la longue phase d’exploration de l’Océanie par les navires
espagnols, portugais, anglais, hollandais, français, allemands et russes,
ainsi qu’aux conditions sanitaires sur les bateaux. Dans un deuxième chapitre
est synthétisée l’histoire des épidémies à travers le monde, puis détaillée la
longue liste des maladies introduites au fur et à mesure des contacts
européens. Ensuite, au fil de cinq chapitres sont présentées les évaluations
de population qu’il est possible de reconstituer pour différentes îles et
différents archipels du Pacifique lors du premier contact avec les Occidentaux
— récits des premiers navigateurs mais également dans certains cas résultats
de travaux archéologiques à l’appui. L’auteur montre les chutes démographiques
parfois vertigineuses qui ont en particulier caractérisé le XIXe siècle, se
poursuivant dans l’ouest du Pacifique jusqu’à la première moitié du XXe
siècle. Un chapitre final propose une synthèse des données dans une approche
régionale, permettant de discuter l’impact de cet effondrement sur les
organisations sociales, symboliques et politiques des populations insulaires,
obligeant à une contextualisation historique salutaire des caractéristiques
des sociétés océaniennes « traditionnelles » telles que définies par les
travaux anthropologiques depuis plus d’un siècle. Christophe Sand est
archéologue, spécialiste de la région Pacifique. Fort de l’immense
documentation qu’il a accumulée et analysée et des résultats de ses propres
travaux sur le terrain depuis plus de trente ans, il bouscule avec ce livre le
statu quo académique qui continue à se perpétuer. Il prend le risque de
remettre en cause les hypothèses démographiques conventionnelles et qui ne
permettent pas aux populations du Pacifique de comprendre pourquoi une partie
de leur fonctionnement traditionnel est instable, pourquoi les conflits de
terres sont si nombreux, pourquoi tout un pan des traditions orales semble
incomplet. L’analyse des conséquences du processus de dépopulation massif vécu
par plusieurs générations d’Océaniens permet d’apporter une série de réponses
à ces « pourquoi ». « Dans le Pacifique, la violence systémique et le racisme
civilisationnel occidental se sont nourris de l’ignorance des pouvoirs
coloniaux sur les spécificités, la diversité et la complexité qui
caractérisent les sociétés océaniennes. Comme tente de le démontrer cet
ouvrage, un des aspects systématiquement minimisé ou réfuté par le monde
académique a été l'ampleur de l’effondrement démographique et ses conséquences
sur le fonctionnement des groupes insulaires. » Christophe Sand est
archéologue, calédonien, engagé depuis quarante ans dans l’étude de la longue
histoire du Pacifique et ayant dirigé des travaux de recherche en Mélanésie,
en Polynésie et en Micronésie. Docteur en archéologie du Pacifique (Université
Paris-Sorbonne -1994) et titulaire d’une Habilitation à diriger les recherches
(HDR - Ecole pratique des hautes études en sciences sociales de Paris, 2007)
donnant le rang de professeur d'université, il a été responsable durant près
de trente ans de l’archéologie calédonienne. Fondateur du Département
Archéologie de la Nouvelle-Calédonie (DANC) puis de l'Institut d'archéologie
de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique (IANCP) à Nouméa, qu'il a dirigé
pendant une décennie, il est aujourd’hui détaché à l’Institut de recherche
pour le développement (IRD) de Nouméa pour le compte du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie. Membre de plusieurs associations d'archéologie, il est
président de l'organisation régionale du patrimoine ICOMOS Pasifika. Il
réalise également des missions d’expertise dans le cadre de ses activités pour
le patrimoine mondial de l’UNESCO et est régulièrement sollicité comme
conseiller scientifique lors de la préparation de dossiers de classement de
sites. Enfin, il a été récipiendaire d’une médaille de bronze du CNRS (2003)
et a reçu la distinction de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres
(2007). Au début de sa carrière, son premier terrain d'expertise a été la
Polynésie occidentale, avec un intérêt central porté au passé des petites îles
de Wallis et de Futuna, où il a en particulier fouillé des sites céramiques et
des ensembles monumentaux, tout en s’intéressant à mettre en évidence les
anciennes sphères d'interactions régionales. A la suite de la création de la
structure locale d’archéologie calédonienne avec deux collègues kanak au début
des années 1990, il a mené plus de 120 projets de recherche distincts sur cet
archipel. Les principaux domaines d'intérêt scientifique et d'étude qu’il a
développés s'articulent autour des questions du premier peuplement Lapita il y
3000 ans, des dynamiques culturelles préhistoriques, de l’émergence des
sociétés traditionnelles kanak et des conséquences de l’implantation
européenne dans le Pacifique. Son travail de synthèse sur les connaissances
archéologiques du passé précolonial de l’archipel, mené dans le cadre de sa
thèse, lui a permis de définir des thématiques de recherches à développer pour
une meilleure connaissance de l’évolution des sociétés océaniennes anciennes.
Il a ainsi conduit pendant plus d'une décennie un travail de redéfinition des
caractéristiques et de la dynamique interne de la première période de
peuplement de la Mélanésie insulaire, caractérisée par la tradition céramique
Lapita, avec un accent particulier sur la Nouvelle-Calédonie. L'analyse des
données de ses fouilles ainsi que la ré-étude de collections archéologiques
collectées sur la période Lapita, ont abouti à la publication d’articles et
d'un ouvrage de synthèse sur ce sujet. Avec son équipe, il a également mené de
nombreuses prospections et fouilles sur des sites post-Lapita à travers
l'archipel calédonien, dans le cadre d'un projet visant à comprendre sur le
temps long les adaptations, les transformations, les évolutions et les
processus d'intensification vécues par les populations de l’archipel sur près
de 3000 ans. L’ensemble de ces travaux a conduit, entre autres, à la refonte
progressive de la chronologie céramique, à l'étude des impacts humains sur
l'environnement et à l'analyse des diverses pratiques mortuaires qui se sont
développées au cours des millénaires. L'un de...
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