Dans l'épaisseur de la chair

Jean-Marie Blas de Roblès

Zulma

  • Conseillé par
    27 novembre 2017

    Mon père ce héros

    Parti seul en mer, un homme tombe à l'eau et n'arrive pas à remonter sur son bateau. Il n'aurait pas du partir sans son père.... En attendant d'hypothétiques secours, il pense au vieil homme et se souvient de son extraordinaire parcours de vie.
    De l'arrivée du grand-père à Sidi-Bel-Abbès en 1882 à aujourd'hui en passant par l'exode 1962, Jean-Marie Blas de Roblès ancre l'histoire familiale mais aussi celle de tous les espagnols immigrés, dans celle de l'Algérie et plus largement celle du monde.
    Sur fond de seconde guerre mondiale et de batailles sanglantes , cette épopée ne peut être racontée sans évoquer un contexte historique d'une extrême violence. Beaucoup de fureur, de sang et d'horreur.... Beaucoup trop pour moi ! J'ai fini par survoler les passages consacrés à la guerre pour ne me concentrer que sur le reste du récit quand, aux souvenirs du père succèdent ceux du fils.
    Un avis un peu mitigé donc pour ma première rencontre avec Blas de Roblès mais qui me donne envie de découvrir le reste de son oeuvre car si tout ne m'a pas intéressée dans ce roman, j'ai apprécié la qualité de son écriture.


  • Conseillé par
    19 octobre 2017

    Un roman d'Histoire et de souvenirs

    Dans l'épaisseur de la chair est un très beau roman, écrit dans une langue virtuose et poétique. Jean-Marie Blas de Roblès réunit l'histoire de sa famille et l'Histoire de l'Algérie Française, page d'histoire douloureuse pour un pays, ses habitants et pour une famille, qui dut tout abandonner derrière elle et reconstruire sa vie en France. L'auteur convie ses souvenirs, autant qu'il les interroge, afin de percer les mystères de son père mais aussi d'un pays tout entier. Ce roman est aussi une manière cathartique de mettre à jour et d'accepter une fêlure personnelle et familiale. C'est donc finalement une histoire émouvante, une déclaration d'amour au père, bien que dans la retenue et la pudeur. Il y a également beaucoup d'humour, ce qui est aussi une manière d'exprimer tous ces sentiments sans les rendre lourds.


  • Conseillé par
    1 septembre 2017

    Débuter un roman de Jean-Marie Blas de Roblès, c'est partir un peu à l'aventure, dans l'une de celles que l'on n'oubliera pas. Après son roman très vernien L'ïle du Point Nemo, cette fois-ci, direction l'Algérie. Manuel Cortès, espagnol naturalisé français en est le héros, l'un de ceux qui marquent une époque par ses engagements. Et à travers lui, c'est le roman de ce pays que l'on lit, au moins depuis la colonisation française. L'auteur s'attarde sur le rôle de Manuel pendant la seconde guerre mondiale pour montrer combien les pieds-noirs et les Algériens ont combattu pour la liberté. Une autre grande partie est bien sûr la guerre d'indépendance et les massacres de part et d'autre : "Mon père a assisté aux massacres de Sétif, il n'a rien fait, rien dit, rien ressenti, et je ne parviens ni à l'excuser ni à l'en blâmer. Il n'est pas si facile de percevoir ce que l'on voit ; il faut beaucoup d'efforts, de concentration sur l'instant présent, sur ce qu'il offre à notre regard, pour ne pas limiter ses yeux à leur simple fonction de chambre noire." (p.241). Il montre bien la volonté des Algériens de retrouver leur liberté et le déchirement des pieds-noirs de quitter leur terre natale, celle où ils ont tout construit, et tous ne furent pas des colons richissimes qui s'enrichirent sur le dos des Algériens. La vraie question remonte aux origines, qui a bien pu avoir cette idée de conquérir ce pays et pour quelles raisons ? Question qu'aborde le romancier qui se fait à travers ce livre, historie, essayiste, ...

    Enfin, c'est aussi le roman d'un homme vu par les yeux de son fils. Un vieil homme désormais qui a vécu fortement sa vie parce que les événements l'y ont contraint. Qui a combattu, aimé, beaucoup perdu et a reconstruit, qui aurait pu faire de cette citation de Marc Aurèle que cite son fils sa devise : "Vivez une bonne vie. S'il y a des dieux et qu'ils sont justes, alors ils ne se soucieront pas de savoir à quel point vous avez été dévots, mais ils vous jugeront sur la base des vertus par lesquelles vous avez vécu. S'il y a des dieux mais qu'ils sont injustes, alors vous ne devriez pas les vénérer. S'il n'y a pas de dieux, alors vous ne serez pas là, mais vous aurez vécu une vie noble qui continuera d'exister dans la mémoire de ceux que vous avez aimés. Je n'ai pas peur." (citée p. 248/249)

    Encore une fois, c'est un grand roman que celui de JM Blas de Roblès, une part de l'histoire de la France et de l'Algérie, pas la plus simple et l'une des plus douloureuses qu'il est toujours délicat d'aborder encore de nos jours. Et lorsque comme lui, on a le talent et l'art de raconter des histoires fortes, eh bien, le lecteur n'a plus qu'à tourner les pages, pas trop vite pour ne rien perdre et pour profiter du temps passé en sa compagnie. Le romancier est né à Sidi-Bel-Abbès aux alentours de la date du fils de Manuel Cortès ; on est en droit de penser qu'il maîtrise son sujet pour lequel il a sans doute fait appel à ses souvenirs.